Le monde magique tremble. Il n’a cessé de le faire depuis la fin de la guerre. Le conflit a laissé des traces, dans les chairs comme dans les cœurs. Traumatisés, les sorciers de Grande Bretagne ne savent comment refaire leur vie. Il leur faut un leader, un homme capable de leur redonner ce sentiment de sécurité que la guerre leur a arraché. Ceux qui se risquent à la charge de ministre essuient tous un échec retentissant. L’union entre les sorciers n’est plus qu’une vaste chimère à laquelle aucun n’a su redonner vie. Lorsqu’un sorcier sort sa baguette magique, on ne peut s’empêcher de frémir, souvenir du temps où nul n’était à l’abri. Les vieux réflexes restent vivaces. Poison qui empêche d’avancer. Un homme, un seul, s’est trouvé capable de nommer ce mal : la magie elle-même. C’est sa pratique déraisonnée qui a perverti le cœur des sorciers. Les sorciers ont souillé un art ancestral, joué avec des pouvoirs qu’ils ne comprenaient pas. En ne s’imposant aucune limite, ils se sont conduits à leur propre perte. La magie se devait de redevenir théorique. Pensée dans la plus pure de ses formes. Il fallait cesser sa pratique outrancière, empêcher les sorciers de la malmener. Avant la guerre, cette doctrine aurait laissé perplexe. Mais les sorciers avaient trop souffert. Ils étaient prêts à écouter quiconque leur rendrait un peu d’espoir. Ce qu’ils firent. Encourageant Kohl Umbridge, l'homme qui prêchait le changement, à prendre le poste de ministre. La magie pratique fut bien vite condamnée. D’abord déconseillée, puis interdite dans de nombreux lieux publics. Faire usage de sa magie devint une offense qu’on ne pouvait plus tolérer. Certains protestèrent, on les fit taire. Pour plus de sécurité, le monde magique venait sciemment de sacrifier sa liberté. Avec le temps, les lois se multiplièrent, se durcirent, se firent sans pitié pour ceux qui y contrevenaient. La magie n’était officiellement plus qu’un art théorique, un savoir qu’on apprenait dans les livres.

Dans l’ombre, pourtant, certains n’avaient pas dit leur dernier mot. Les défenseurs de la magie, cachés derrière le culte oublié du mystérieux roi corbeau, entendent rendre à l'art de la magie ses lettres de noblesse. En secret, ils s’activent. Redécouvrant des légendes oubliées, celles qui parlent d’un temps où la magie était plus forte que tout. Le roi corbeau régnait alors sans partage. S’il a disparu voilà des siècles, sa magie demeure. Endormie, cachée. En ces temps troubles où la sorcellerie se meurt, le souvenir du roi corbeau semble offrir la seule alternative à un monde magique en péril.